mercredi, novembre 15, 2006

La Fondation Info-Turk précise sa position vis-à-vis des élections belges

Deux mises au point relatives au communiqué sur les élections belges par la Fondation Info-Turk

Après la diffusion du communiqué commun de quatre organisations issues de l'émigration politique dont la Fondation Info-Türk, nous avons reçu plusieurs réactions. Bien qu'on ait répondu individuellement à ces réactions, deux entre eux méritent une réponse claire pour bien informer également l'opinion publique.

Maître Michel Mahmourian écrit:

"Il est certes de notoriété publique que la vie associative des Turcs de Belgique est encadrée par les soins de l’ambassade. Toutefois, votre accusation va loin au-delà de ce simple patronage et dénonce une aliénation, ce qui est grave pour la Belgique et mérite donc d’être justifié, d’autant que si la communauté turque est otage, pourquoi pas la communauté marocaine… N’ayant aucune relation avec la communauté turque de Belgique, je n’ai pas d’opinion personnelle sur ce point. J’observe simplement, comme chacun peut le faire, qu’une bonne part des Turcs de Belgique exercent les droits et libertés, qui leurs sont accorder en Belgique, au service de la Turquie. Mais le font-ils tous sous la contrainte comme vous l’affirmez?"

La réponse de la Fondation Info-Turk:

L'obéissance de la communauté turque aux exigences du régime d'Ankara se fait par contrainte bien sûr pour beaucoup de gens qui n’ont rien avoir avec la politique, mais par propre volonté pour des dirigeants associatifs ou journalistes car ils partagent parfaitement les options du régime pour maintenir la communauté en otage.

Sauf des exceptions individuelles, la communauté est systématiquement informée, endoctrinée et orientée par les médias en turc (quotidiens de grand tirage, une dizaine de chaînes TV captées par antennes paraboliques et une dizaines de sites Internet et par une centaine d’associations nationalistes et religieuses)... Malheureusement, la quasi totalité de la communication et de l’information se fait en langue turque, les journaux ou télévisions belges sont suivies rarement. En plus, un martelage ultranationaliste par l’Ambassade à chaque occasion, notamment pendant les fêtes nationales ou les anniversaires nombreux des évènements “glorieux” de l’histoire ottomane ou républicaine sans compter les jours religieux.

Quand il s’agit d’une campagne ordonnée par l’Etat turc, tous les médias et toutes les associations (tant religieuses qu’ataturkistes) se déchaînent ensemble.

Une dépêche du quotidien Hürriyet du 26 octobre 2006 qui annonce le lancement d’une campagne contre la sanction de la négation du “prétendu génocide arménien” par 67 associations de mosquée liées à la Fondation des Affaires religieuses de l’Ambassade de Turquie ainsi que par l’Association de la Pensée ataturkiste, en est la preuve.

Malgré les avertissements que nous avons répétés sans cesse depuis plus de 30 ans, les partis politiques les plus importants deviennent de plus en plus soumis aux exigences du lobby turc. Malheureusement la classe politique préfère de ne pas aborder cette question vraiment menaçante pour la vie politique et sociale de ce pays.

Le sénateur François Roelants du Vivier écrit:

"Je relève dans votre déclaration "ingérence et soumission alarmantes" les lignes suivantes: 'Durant les commémorations du 90ème anniversaire du génocide des Arméniens et Assyriens, certains politiciens de ces partis se sont montrés solidaires avec les peuples arménien et assyrien, en étant critiques avec le régime négationniste d’Ankara. Mais les têtes de listes de ces partis se sont aussi rendues fréquemment auprès d’associations turques au service du lobby d’Ankara pour assurer leur soutien électoral. Il s’agit d’une hypocrisie évidente.

"Il s'agit de la seule référence faite aux efforts des hommes et femmes politiques qui se sont montré solidaires de votre combat, et cette référence est à tout le moins nuancée par rapport au comportement de certaines têtes de liste appartenant aux mêmes formations.

"Je n'irais pas jusqu'à dire que cela a un caractère décourageant, mais celles et ceux qui ont eu une attitude dépourvue d'ambiguité par rapport au négationnisme des génocides devraient être soutenus avec force par votre collectif. Bien sûr, il existe dans nos partis respectifs des mandataires qui ne partagent pas les mêmes convictions, et c'est notre travail de faire évoluer ces mentalités. Mais reconnaissez au moins les mérites de ceux qui sont restés inébranlables dans leur attitude. En les soutenant, vous les renforcerez vis à vis de leur propre formation."

La réponse de la Fondation Info-Turk:

Pour être justes, nous devions mentionner le nom d’une vingtaine de personnalités politiques qui ont sincèrement soutenu nos actions contre le régime répressif et négationniste d’Ankara: la commémoration du 90e anniversaire du génocide des Arméniens en 2005 et les deux actions d’informations à l’occasion du 35e anniversaire du coup d’état militaire en Turquie en 2006.

Nous sommes reconnaissants à chacune de ces personnalités pour leur solidarité exemplaire avec les peuples opprimés de la Turquie:

Lionel Vandenberghe, François Roelants du Vivier, Josy Dubié, Jan Béghin, Christian Brotcorne, Adelheid Byttebier, Christine Defraigne, Alain Destexhe, Kris Van Dijck, Pierre Galand, Sven Gatz, Nelly Maes, Hugo Van Rompaey, Willy Kuijpers...

Bien sûr qu’il y a d’autres personnalités dont les noms ne figurent pas ici.

Toutefois, la plupart d’élus des partis politiques ou de dirigeants de la vie associative, même ceux avec qui nous avions combattu ensemble contre tous les régimes fascistes ou répressifs dans le passé, nous considèrent aujourd’hui comme dérangeants, ce bien entendu dans un souci purement électoraliste ou clientéliste.

Tant pis.

Nous continuerons à crier la vérité non seulement pour le bien des peuples de notre pays d’origine, mais également pour contribuer à la sauvegarde du régime démocratique de la Belgique contre toutes les menaces ultranationalistes et d’extrême-droite quelle que soit l’origine...

(Fondation Info-Turk, 29 octobre 2006)

à voir aussi: Dogan Özgüden (journaliste, Info-Türk) interviewé par Télé-Bruxelles, 25/08/2006

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