lundi, septembre 10, 2007

Belgique - Gisèle Mandaila, "femme, extraparlementaire et noire'

En comparant le texte de l'interview et la dépêche sensationnaliste qu'en a tirée l'agence Belga, j'ai tout de même l'impression qu'il y a de la manipulation dans l'air: contrairement à ce que laisse croire le titre racoleur la secrétaire d'Etat sortante n'a pas dit "avoir souffert du racisme au sein du gouvernement fédéral", mais que "les personnes d'origine étrangère ne sont pas toujours vraiment acceptées".

Dans le contexte, c'est-à-dire ses trois années passées au gouvernement, il est plus probable qu'elle fait allusion aux attaques dont elle a fait l'objet à diverses reprises de la part de la presse surtout flamande et de l'opposition parlementaire. Ces attaques dénonçaient surtout son manque de compétence, pour ne pas dire son incompétence - et/ou son inexpérience -, au poste gouvernemental qu'elle occupait.

Par contre, il est exact qu'au moins un député du Vlaams Belang l'a attaquée en séance plénière en des termes qui lui auraient certainement valu des poursuites judiciares pour racisme s'il les avait tenus hors de l'enceinte parlementaire: "Ik weet niet hoelang zij al de Belgische nationaliteit heeft, maar blijkbaar moet zij zich toch nog een aantal politieke geplogenheden eigen maken.", soit (ma traduction) "Je ne sais pas depuis combien de temps elle a la nationalité belge, mais de toute évidence elle doit encore assimiler quelques usages politiques" (Filip De Man, séance plénière, jeudi 23/06/2005, après-midi, compte-rendu intégral, p.27).

Il faut rappeler qu'elle a été catapultée à ce poste par le MR qui voulait montrer que le PS n'avait pas le monopole en matière de nomination d'allochtones à des postes gouvernementaux, c'était en effet au moment où Fadila Laanan et Emir Kir venaient d'être désignés dans les exécutifs francophone et bruxellois.

PYL

source du dépliant (cliquer dessus pour agrandir l'image): site de la section etterbeekoise du FDF

Gisèle Mandaila dit avoir souffert du racisme au sein du gouvernement

Belga 09/09/2007 21:30

(Belga) La secrétaire d'Etat sortante Gisèle Mandaila indique avoir souffert du racisme au sein du gouvernement fédéral dans une interview accordée à un dépliant toutes-boîtes de la section locale d'Etterbeek du FDF distribué dimanche dans la commune bruxelloise.

Interrogée sur "son expérience de première femme noire dans un gouvernement belge", la secrétaire d'Etat, qui est d'origine congolaise, répond que "ce ne fut pas rose tous les jours". Conseillère communal FDF dans la commune d'Etterbeek, Gisèle Mandaila revient sur son parcours au gouvernement depuis 2004. "D'abord, je voudrais souligner que les personnes d'origine étrangère ne sont pas toujours vraiment acceptées. Je l'ai ressenti. C'est une question de préjugés. Je cumulais les handicaps: femme, extra-parlementaire et noire", indique-t-elle. "Aujourd'hui, j'ai une certaine notoriété, mais elle est plus grande en Afrique qu'en Belgique", précise la secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées et aux Familles. Gisèle Mandaila indique encore qu'elle recentrera à l'avenir ses activités sur la commune bruxelloise d'Etterbeek où elle est conseillère communale. "En 2009, je serai candidate aux élections pour le renouvellement du parlement bruxellois", annonce-t-elle. (GFR)

4 commentaires:

Franky ki a dit…

J'ignorais totalement que nul ne pouvait être poursuivi pour d'éventuelles paroles de type raciste lorsqu'elles sont tenues dans l'enceinte d'un parlement.

Cela veut dire que tout peut y être dit ?

Est ce au nom du principe de "démocratie" que l'on aurait pas étendu la possibilité d'être poursuivi pour des propos racistes aux propos tenus dans les enceintes parlementaires ?

Anonyme a dit…

Cette remise en contexte des faits est salutaire. Il est particulièrement dommage qu'une certaine presse n'ait pas été aussi prudente dans le traitement de l'information.

Promethee

Pierre-Yves Lambert a dit…

Il s'agit simplement de l'immunité parlementaire.D'après un (pré-)rapport du Conseil de l'Europe, "le régime de la protection instituée au titre de la liberté d'expression des parlementaires est en définitive assez semblable pour les pays étudiés. Hormis les cas de députés tenant des propos racistes, cet aspect particulier de l'immunité ne soulève pas réellement de débats ni n'est remis en cause." Toutefois, "S'ils sont irresponsables au pénal (et au civil en général), les parlementaires sont soumis pour le moins au pouvoir disciplinaire des Chambres auxquelles ils appartiennent : pouvoir exercé par le Président, conformément au Règlement intérieur. Les dispositions régissant ces mesures sont plus ou moins précises à cet égard. Les sanctions varient d'un pays à l'autre : elles peuvent aller du rappel à l'ordre ou retrait du temps de parole (Autriche), à l'exclusion et peuvent même entraîner théoriquement des peines privatives de liberté (au Royaume-Uni)."(Le régime des immunités parlementaires, Strasbourg, le 29 avril 1996)
Il y a presque dix ans le problème s'était posé au Parlement régional bruxellois avec le député PSC Demaret, la seule sanction possible était celle qu'aurait pu lui infliger son groupe politique, suspension ou exclusion.

Anonyme a dit…

en recherchant un peu dans l'histoire de cette personne ,on récolte ce que l'on séme ( son nolsisme )